Hörspiele
Antonin-Tri Hoang
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Café du Peuple
Antonin-Tri Hoáng : saxophone, synthétiseurs, piano, magnétophone 4 pistes, montage et mixage
avec les voix de Hatice Özer (et Paul Simon)
Commande de Sons d’hiver 2022
« Un dimanche au “Café du Peuple”, alors qu’il est accoudé au comptoir, une cuillère tinte contre une soucoupe, une voiture klaxonne, un homme dit “bonjour” au milieu d’autres paroles trop nombreuses pour être intelligibles, la radio tonne, une voix de femme esquisse une mélodie. Il se demande quel rapport il y a entre tous ces sons. En se concentrant il arrive progressivement à détacher des éléments du chaos ambiant, à déplier tous ces sons agglutinés dont certains prennent maintenant toute la place. Son esprit dérive et l’emmène ailleurs. À son retour tout est renouvelé, le bar n’est plus le même. Les sons non plus : une cuillère tinte quatre fois contre une soucoupe, une voiture klaxonne, un homme dit “bonjour” au milieu d’autres paroles trop nombreuses pour être intelligibles, la radio tonne un morceau de Paul Simon, une voix de femme chante :

© SMITH
Ben yürürüm yana yana
Aşk boyadı beni kana
Ne âkilem ne divane
Gel gör beni aşk neyledi
Gâh eserim yeller gibi
Gâh tozarım yollar gibi
Gâh akarım seller gibi
Gel gör beni aşk neyledi (…)
Yunus Emre
Souffrant, je ne fais qu’errer,
et l’amour m’a ensanglanté
Je ne suis plus sage ni fou,
Voilà à quoi m’a réduit l’amour.
Tantôt je souffle comme les vents,
Tantôt je poudroie comme les chemins,
Tantôt je coule comme les torrents.
Voilà à quoi m’a réduit l’amour.
Venant du jazz, et le pratiquant toujours assidument au sein de nombreux ensembles, Antonin-Tri Hoáng place la mélodie au centre de ses questionnements : comment advient-elle, comment revient-elle, à quels fragments de nos mémoires est-elle reliée ? Au sein de musiques plus déconstruites, l’irruption de la mélodie opère comme la remontée à la surface de dépôts d’émotions, de fragments d’enfance, de lambeaux d’histoires oubliées. Il conçoit en 2018 le spectacle pour jeune public Chewing Gum Silence autour de ces questions. En 2017, Saturnium est pour lui la réalisation de vieux rêves, jouer avec différentes sources sonores, zoomer, changer d’espace, faire surgir les mots, les bruits, les mélodies. Son parcours l’a mené en tant qu’instrumentiste et improvisateur à collaborer avec différents ensembles et artistes dont Eve Risser (White Desert Orchestra), Benoît Delbecq (duo Aéroplanes), Julien Pontvianne (Aum), Fantazio, Jozef Dumoulin, Jean-Jacques Birgé, l’ensemble ONCEIM, L’Orchestre National de Jazz Daniel Yvinec, Solo live pour France Musique. (source Banlieues Bleues)