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échanges & idées

Tomorrow is the question ?

questionnaire coordonné
par Alexandre Pierrepont

Anthropologue, Maître de conférences au Département
de Musique de l’Université Paris 8 – Saint-Denis.

Depuis de nombreuses années, le festival Sons d’hiver fait rayonner la musique, l’intelligence de la musique, en marge de sa programmation. D’abord et avant tout les concerts, bien sûr, mais aussi, à côté des concerts, des moments de réflexion avec les musiciennes et les musiciens invités. Cette année, Sons d’hiver s’est associé à l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis autour d’un colloque international sur l’afrofuturisme qui aura lieu pendant le festival. L’occasion de poser, à un certain nombre d’artistes présents lors de l’édition 2023, la question de l’avenir, aussi mystérieux soit-il…

On se souvient du titre de l’un des premiers disques d’Ornette Coleman, Tomorrow Is the Question !, qui fut avec d’autres à la lancée de ce que la musique créative est depuis devenue. Et le point d’exclamation, autant que le temps présent utilisé pour soulever le problème, valait déclaration. Injonction. L’avenir nous appelle, nous happe, nous conditionne déjà, tel qu’il se profile, et c’est pourtant maintenant qu’il se joue, avec ou sans nous, avec ou sans notre implication, c’est maintenant qu’il semble s’emballer. Et que peut en définitive la musique, que peuvent les musiciennes et les musiciens dont l’activité questionne l’organisation, la désorganisation et la réorganisation des sons et des silences, questionne le monde tel qu’il est et tel qu’il s’imagine encore ? Au sortir (?) d’une période passablement troublée, non seulement pour le monde de la musique, mais pour le monde entier, le monde dans lequel la musique se fait, se partage, il nous a semblé judicieux de sonder les intéressés à ce sujet. On trouvera naturellement ici toutes sortes de réponses à cette impossible question, en fonction des parcours et des cultures aussi, de la plus confiante envers et contre tout à la plus prudente, à la plus analytique, à la plus utopique. Toutes, même les plus fragiles et les plus humbles, importent et forment le spectre des émotions et des intelligences humaines tel qu’il miroite dans la musique.

For many years, the Sons d’hiver festival has been promoting music, the intelligence of music, alongside its programming. First and foremost the concerts, of course, but also, alongside the concerts, moments of reflection with the invited musicians. This year, Sons d’hiver has joined forces with the University of Paris 8 Vincennes – Saint-Denis for an international colloquium on Afrofuturism that will take place during the festival. The opportunity to ask, to a number of artists present at the 2023 edition, the question of the future, as mysterious as it may be…

We remember the title of one of Ornette Coleman’s first records: “Tomorrow Is the Question”, which was with others at the beginning of what creative music has become since. And the exclamation point, as much as the present tense used to raise the issue, was a statement. An injunction. The future calls us, catches us, conditions us already, as it is taking shape, and it is however now that it is played out, with or without us, with or without our involvement, it is now that it seems to be running away. And what can music, what can musicians whose activity questions the organization, the disorganization and the reorganization of sounds and silences, questions the world as it is and as it is still imagined? At the end (?) of a rather troubled period, not only for the world of music, but for the whole world, the world in which music is made, shared, it seemed to us judicious to probe the interested parties on this subject. One will naturally find here all sorts of answers to this impossible question, according to the paths and cultures too, from the most confident against all odds to the most cautious, the most analytical, the most utopian. All of them, even the most fragile and humble ones, are important and form the spectrum of human emotions and intelligences as it shimmers in the music.

Montage (ink, pencil, tracing paper on paper) © Damon Locks, 2022
Liberation pt. 1, (ink, pencil, tracing paper on paper) © Damon Locks, 2021

Illustrations © Damon Locks

Liberation pt. 2, (ink, pencil, tracing paper on paper) © Damon Locks, 2021

Et comment vous représentez-vous le futur ? La question a toujours agité notre espèce : elle a été source de visions cauchemardesques ou idylliques. Certains se sont même approprié l’avenir, au point que d’autres ont récemment fait valoir leur perspective, toute la différence de leur perspective, comme dans l’afrofuturisme.
Alors, en ces temps où l’on parle désormais moins de monde meilleur que de fin du monde, est-ce que votre musique ou votre pratique de la musique envisage un futur, et lequel ?

And how do you see the future? The question has always agitated our species, it has been the source of nightmarish or idyllic visions. Some have even taken the future for themselves, to the point that others have recently put forward their perspective, the whole difference of their perspective, as in Afrofuturism.
So, in these times when we speak less of a better world than of the end of the world, does your music or your practice of music envisage a future, and if so, what is it?

majid bekkas

Pour moi, la vraie musique est éternelle ! Quand John Coltrane ou J.S. Bach composaient leur musique, ils ne se posaient pas ces questions ! Et pourtant, on écoute leur musique jusqu’à présent ! C’est vrai que, de temps à autre, on se demande quel sera le futur de ce qu’on fait. Mais, moi personnellement, je crois que toute création sincère reste éternelle ! Aussi, je crois que seul Dieu sait ce que deviendra notre futur.

For me, true music is eternal! When John Coltrane or J.S. Bach composed their music, they did not ask themselves these questions! And yet, we listen to their music until now! It’s true that, from time to time, we wonder what the future of what we do will be. But, personally, I believe that any sincere creation remains eternal! Also, I believe that only God knows what will become of our future.

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élise caron

Si je m’y penche trois secondes, c’est la vision la plus précise du futur que je me représente pour ma musique : la lenteur
Lenteur d’y songer, lenteur de la faire venir à soi, puis aux autres, sans autre ambition que d’y faire figurer un rêve, un geste, une courbe, une fresque subliminale adressée à qui veut l’entendre, son atteinte la plus proche,
un peu comme les magasins qui vendent des produits venant de moins de cent kilomètres à la ronde
mais en passant par les cours de récréations
car là encore le futur, s’il ne considère pas l’enfance
va falloir y aller à grands coups de naïf (et pas de knife)

If I think about it for three seconds, it is the most precise vision of the future I have for my music: slowness
The slowness of thinking about it, the slowness of making it come to oneself, then to others, with no other ambition than to make it represent a dream, a gesture, a curve, a subliminal fresco addressed to whoever wants to hear it, its closest reach,
a little like the stores that sell products coming from less than a hundred kilometers around
but passing through the playgrounds
because there again the future, if it does not consider childhood
we’re going to have to go for it with great naivety (and not with a knife)

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Hamid Drake

… La façon dont nous voyons l’avenir dépend souvent de la lentille à travers laquelle nous regardons. Il est également important de savoir si cette lentille est la sienne ou si elle appartient à quelqu’un d’autre. En ce qui concerne l’avenir, nous pourrions également nous demander comment nous voyons le présent ou même le passé. Et sous quelle lumière voyons-nous les trois ? Ceux qui ont accaparé l’avenir, d’une manière peut-être négative, semblent l’avoir toujours fait à travers la perspective de ce que nous pourrions appeler l’Autre. C’est là que résident un autre problème, une autre difficulté, un manque de vision pourrions-nous même dire. Habituellement, l’autre n’implique pas l’interdépendance ou la connectivité. La plupart d’entre nous voient malheureusement notre monde, notre existence, à partir d’une perspective ou d’une lentille dualiste. Ainsi, tout ce que l’on voit, ce serait « l’autre ». C’est peut-être cette lentille (la lentille de l’autre) qui a été l’un des principaux obstacles à l’humanité en général…
L’afrofuturisme n’est pas quelque chose de nouveau. Peut-être que le mot l’est. Mais la réalité ne l’est pas. Quelle est la réalité à laquelle l’afrofuturisme répond ? Ou contre laquelle il se dresse ? L’afrofuturisme est, à bien des égards, une réponse à un regard négatif. Une lentille qui ne voit pas l’autre comme une partie du tout. La vision que quelqu’un d’autre a de vous. Qui ne veut pas vraiment vous connaître. Une lentille qui ne vous considère même pas comme faisant partie de l’avenir et, si elle le fait, qui ne vous voit pas comme étant entier et complet, ou digne. L’afrofuturisme est aussi un objectif. Mais c’est une lentille qui est basée sur l’intégralité. La guérison, la reconnexion. Une reconquête de la valeur. C’est un objectif qui n’est pas nécessairement exclusif. Car en revendiquant l’intégralité d’une partie de l’humanité, nous pouvons commencer à voir toute l’humanité à partir de cette position d’intégralité. De ce point de vue, il est tout à fait naturel qu’un objectif tel que l’afrofuturisme voie le jour. Comment pourrait-il en être autrement ? L’afro futurisme est en fait bénéfique pour tous.
Ce que je dis n’est que partiel. Il y a d’autres personnes qui parlent beaucoup plus clairement que moi de ce sujet important.
Il y en a beaucoup qui parlent encore d’un monde meilleur. Meilleur comment ? Meilleur pour qui ? Meilleur pour tous ?
Je pars du principe que la musique est assurément une source de guérison et de reconquête de la plénitude pour tous les êtres. Aucun n’est exclu. J’envisage donc un avenir de plénitude. En regardant le passé et les erreurs qui ont été commises. Le présent est basé sur la foi en l’Esprit Indigène essentiel de tous les êtres. Un esprit holistique, un esprit ouvert et expansif. Un esprit de compréhension. Reconnaître la Conscience essentielle qui réside dans tous les êtres. Guérir, nourrir. Fournir la connaissance, l’amour et la sagesse.
Que tous les êtres parviennent à savoir qui ils sont dans un sens réel.

…How we see the future often depends upon the lens we are looking through. Also, it is important to know if the lens is one’s own or does it belong to someone else. In regard to the future, we could also ask how do we see the present or even the past? And in what light do we see all three?
Those that have taken the future for themselves in perhaps a negative way seem to have always done so through the perspective of what we might call the Other. Herein lies another problem/difficulty/or we might even say lack of vision. Usually, other doesn’t indicate interdependency or connectedness. Unfortunately, most of us view our world, our existence from a dualistic perspective or lens. So all one see’s is other. Perhaps it is this lens (the lens of other) that has been one of the main obstacles to humanity in general.
Afrofuturism is not something new. Maybe the word is. But the reality is not. What is the reality which Afrofuturism responds to? Or is up against? Afrofuturism in many ways is a response to a negative lens. A lens that doesn’t see the Other as part of the whole. The view that someone else has of you. Who doesn’t really want to know you. A lens that doesn’t even consider you as part of the future and if it does, it doesn’t view you as being whole and complete or worthy. Afrofuturism is also a lens. But it is a lens that is based in wholeness. Healing, reconnection. A reclaiming of value. But it is a lens that is not necessarily exclusive. For in reclaiming the wholeness of the part of humanity we can begin to see all of humanity from the stance of wholeness. From the viewpoint it is only natural that lens such as Afrofuturism would come to be. How could it not. Afro futurism is actually beneficial for all.
What I am saying is only partial. There are others who speak much more clearly on this important matter than I do.
There are many who still speak of a better world. Better how? Better for whom? Better for all?
My premise is that music is for sure a source of healing and the reclaiming of wholeness for all beings. None are excluded. So, I envision a future of wholeness. Looking at the past and the mistakes that have been made. The present being based in faith in the essential Indigenous Mind of all beings. Holistic Mind, Open, Expansive Mind. Mind of Understanding. Recognition of the essential Consciousness that resides within all beings. Healing, nurturing. Providing knowledge, love and wisdom.
May all beings come to know who they are in a real sense.

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Faiz Ali Faiz

Je ne suis absolument pas pessimiste quant à l’avenir, surtout en ce qui concerne ma musique. Car ma musique, en particulier la musique Qawwali, est aujourd’hui plus populaire que jamais. Un genre de musique qui, jusqu’à hier, était confiné aux monastères et aux tombes des saints soufis, est maintenant entendu dans des salles de concerts et lors de festivals de musiques du monde. Des personnes qui ne comprennent pas un seul mot du texte sont également devenues adeptes du Qawwali. Nos aînés nous ont appris que la musique est la nourriture de l’âme ; l’âme étant immortelle, je pense que la musique permet de vivre éternellement. L’avenir est donc prometteur, si Dieu le veut.

I am definitely not pessimistic about the future, especially with my music. Because my music, especially Qawwali music, is more popular today than ever before. A genre of music that was until yesterday confined to the monasteries of Sufis and tombs of Sufi saints is now heard in concert halls and at world music festivals. Those people are also Qawwali devotees who do not understand a single word of its text.  We have heard from our elders that music is food for the soul; the soul is immortal so I believe that music is for living forever. So the future is bright; God willing.

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Fennesz

Comment puis-je imaginer le déroulement de l’avenir ? Un sujet si complexe… Je ne peux parler que de mon point de vue personnel. La vie que je mène est, par choix, une existence quelque peu introspective, enveloppée dans un monde de musique. Dans l’espace que j’ai créé, mon espoir est simplement de continuer à grandir en tant que musicien, en tant que compositeur et que collaborateur – pour pouvoir continuer à partager mon travail avec le monde extérieur. Au-delà de cela, je souhaite être respectueux et conscient. Je ne peux plus penser à long terme – je prends les choses étape par étape, et j’essaie de vivre l’instant présent.

How do I imagine the future unfolding? Such a complex topic… I can only speak from a personal perspective. Mine, by choice, is a somewhat introspective existence, cocooned in a world of music. Within the space I have created my hope is simply to continue to grow as a musician, composer and collaborator – to be able to continue sharing my work with the outside world. Beyond that I wish to be respectful and aware. I cannot think long-term anymore – I take things step-by-step, and try to live in the moment.

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fred frith

Faire de la musique est, pour moi, un acte de résistance – résister aux oppressions quotidiennes, aux idioties ordinaires que nous semblons tous devoir endurer pour survivre, aux forces omniprésentes et écrasantes de la cupidité et du pouvoir. Le fait de se perdre – dans des actes de magie, en racontant des histoires, en célébrant la communauté – semble être un moyen d’avancer. N’est-ce pas ?

Making music is, for me, an act of resistance—resisting everyday oppressions, banal idiocies we all seem to have to endure in order to survive, the ever-present and overwhelming forces of greed and power. The act of losing yourself—in acts of magic, in telling stories, in celebrating community—feels like a way forward. Is it?

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Antonin-Tri Hoang

« Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant. »
A. Rimbaud
« Elle a le goût de ces liesses,
d’anciennes kermesses… »
L’Allégresse, P. Barouh

Il y a quelques temps j’étais dans un lieu où jouaient plusieurs groupes en même temps : un duo de chansons mélancoliques, un groupe de rock et une fanfare. C’était très bruyant mais on pouvait circuler d’un espace à l’autre en se faisant son propre mix. Soudain, à 22h30, les plombs sautent. Plus de lumière ni de son, un arrêt bien net, bien franc, lumière – obscurité, son – silence. Mais quelque chose continue : la caisse claire ne sursaute pas et les trompettes vont au bout de leur phrase sans s’arrêter. La fanfare est imperturbable. Il n’y a aucun doute, la foule se dirige dans le noir vers ce son comme vers un feu dans la nuit. C’était le son du futur, un son qui nous appelle, qui nous déplace, qui nous réchauffe.

“It can only be the end of the world, moving forward.”
A. Rimbaud
“It has the taste of these jubilations,
of old kermesses…”
L’Allégresse, P. Barouh

Some time ago I was in a place where several bands were playing at the same time: a duo of melancholic songs, a rock band and a brass band. It was very noisy but you could move from one space to another and make your own mix. Suddenly, at 10:30 pm, the fuse blows. No more light or sound, a very clear stop, light – darkness, sound – silence. But something continues: the snare drum does not jump and the trumpets go on to the end of their phrase without stopping. The band is unperturbed. There is no doubt, the crowd is heading in the dark towards this sound as towards a fire in the night. It was the sound of the future, a sound that calls us, that moves us, that warms us.

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damon locks

Avec le Black Monument Ensemble, je passe beaucoup de temps dans les salles de classe. Certaines sont dans des collèges, d’autres dans des lycées publics, d’autres encore en prison. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, et cela semble souvent être une sombre perspective, mais nous ne pouvons pas agir comme s’il n’y avait rien à faire. Nous devons toujours faire ce que nous pouvons pour demander mieux, pour demander plus. Avec Black Monument, nous tentons de construire une communauté par le biais même de notre rassemblement, qui a commencé grâce à la musique et qui s’étend à chaque représentation. La musique est la preuve vivante de cette communauté. J’essaie d’introduire Black Monument dans les écoles publiques comme dans la prison où je travaille. L’enseignement de l’art dans les salles de classe ne se limite pas à la composition, à la qualité du trait et à la couleur : il s’agit de définir les paramètres de votre propre prise de décision. L’art, c’est se demander ce que l’on veut dans ce monde, et faire les choix pour le mettre en œuvre. Lorsque la pandémie a frappé, les gens se sont tournés vers les artistes pour trouver du réconfort, de l’espoir, de l’inspiration, et pour leur capacité à résoudre les problèmes. Ce sont les outils qui permettent de construire une communauté plus forte et un avenir meilleur.

Alongside Black Monument Ensemble I spend a lot of time in classrooms. Some of these classrooms are in colleges, some are in public high schools, some are in prison. I don’t know what the future holds and it often seems like a bleak prospect but we cannot act as if there is nothing to be done about it. We must always do what we can to ask for better, to ask for more. With Black Monument we are attempting to build community through our gathering that began with just the music and spreads out with every performance. The music is the evidence of that community. I am working on bringing Black Monument to public schools and to the prison I work in. Teaching art in classrooms is more than just composition, line quality, and color: it is setting the parameters for your own decision making. Art is asking yourself what you want in this world and you make the choices regarding bringing it into the world. When the pandemic hit, people looked to artists for solace, hope, inspiration, and for their ability to solve problems. These are the tools that build a stronger community and a better future.

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ava mendoza

Nous pouvons pressentir l’avenir, mais pas vraiment le voir. Nous sommes une espèce sociale, mais maintenant que nos réseaux sociaux ne cessent de s’étendre, agir pour le bien commun demeure important. Pour que l’espèce survive, nous devons aller au-delà de la cupidité personnelle et nationale. Car dans notre avenir, les liens communautaires seront plus vitaux et plus étendus que jamais.

We can sense the future, but not really see it. We’re a social species and now as our social networks keep expanding ever larger, acting for the common good remains important. For the species to survive, we need to move beyond personal and national greed. In our future, community ties are more vital and more far-reaching than ever.

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Amina Claudine Myers

Je vois l’avenir de ma musique comme en croissance, pour être exposée aux publics du monde entier. Cela inclut le blues, le gospel, le jazz et les formes étendues auxquelles j’ai été exposé au cours de mon développement. Ce développement s’est produit pour une bonne et simple raison : celle de montrer de l’amour et d’inspirer ceux qui écoutent de façon positive. Cela prend du temps pour se développer, mais une fois qu’il sera pris, ces compositions pour chœurs, pour orchestres de chambre ou orchestres de jazz (big bands), ce théâtre musical, ces solos, ces petits et ces grands ensembles, pour divers instruments, y compris l’orgue à tuyaux, seront plus exposées, plus présentes dans notre univers. Et dans le futur, j’espère que ma musique sera aussi éducative et définitivement une source de guérison, avec amour, pour nous tous.
En musique,
Amina

I vision the future of my music as growing and being exposed to audience everywhere. This includes Blues, Jazz, Gospel and Extended Forms which I have been exposed to in my development. This development happened for a reason to show love and to inspire those who listen in positive ways. This takes time to grow and after a while the choral, chamber orchestra, jazz (big band) orchestra, musical theater, solos, large and small ensembles etc. compositions for various instruments including the pipe organ will be more exposed and be more present in our universe. In the future my music hopefully will be as educational and definitely a healing source with love for us all.
In music,
Amina.

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Abiodun Oyewole

Le futur pour moi est un monde où il n’y a qu’une seule race, la race humaine. Je vois un avenir où l’humanité deviendra sacrée, où les guerres n’auront pas lieu, où la paix sera un mode de vie. La célébration de la vie se reflétera dans notre art.

The future for me is a world where there’s only one race, the human race. I see a future where humanity will become sacred, wars will not happen, peace will be a way of life. The celebration of life will be reflected in our art.

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Eve Risser

Je n’essaie pas de me représenter le futur. J’essaie d’utiliser mon énergie pour trouver les âmes (humaines, animales, naturelles et urbaines) qui me donnent envie de continuer de croire au vivant et à l’amour. De fricoter avec l’espoir, nous donner envie de vivre. J’ai ce handicap de ne rien visualiser au-delà de deux années. Un ami m’a dit quand j’étais plus jeune qu’un but dans la vie pour lui pourrait être d’arriver à bien vieillir. Ça résume pas mal de choses.
C’est à dire qu’en pensant au présent je saute un peu par-dessus le problème mais je me donne une chance d’attention aux graines que je sème maintenant. À essayer de rentrer le bon pied dans chaque journée (quelle chance d’être en assez bonne santé pour en profiter) ! Je fais partie des plus privilégiés donc c’est bizarre de répondre à ça. Mais juste la base quand on a les moyens : l’entre-aide, l’écoute, porter tout ce qu’on peut d’autre que soit quand on le peut.
Bref mais la question était sur les musiques. Eh bien, appliquer tout ce que je viens d’évoquer dans l’univers musique serait ma réponse.
Plus je vieillis plus j’ai besoin de rituels ancestraux et de quitter tout ce qui se fabrique sans l’aide de l’incarnation dans le corps. (Il doit y avoir moyen de dire tout ça mieux ), une réunion, un équilibrage, un déploiement solaire à l’aide de toutes ces femmes et hommes musiciennes et musiciens qui m’ont montré et qui me font espérer déjà jusqu’à demain matin. Puis après-demain, etc.
Je ne sais pas si ça apporte de l’eau au moulin, mais ça me donne envie de me poser cette question de manière un peu plus spirituelle et sur le long terme.

I don’t try to imagine the future. I try to use my energy to find the souls (human, animal, natural and urban) that make me want to continue to believe in life and love. To make friends with hope, to give us the desire to live. I have this handicap of not visualizing anything beyond two years ahead. A friend told me when I was younger that a goal in life for him could be to age well. That sums up a lot of things.
That is, by thinking about the present I’m skipping over the problem a bit but giving myself a chance to pay attention to the seeds I’m sowing now. Trying to get the right foot in each day (how lucky to be healthy enough to enjoy it)! I’m one of the more privileged, so it’s weird to answer this. But just the basics when you have the means: helping each other, listening, carrying whatever else you can when you can.
Anyway, the question was about the music. Well, applying everything I just mentioned in the music universe would be my answer.
The older I get the more I need ancestral rituals and to leave everything that is made without the help of the incarnation in the body (there must be a way to say all this better), a reunion, a balancing, a solar deployment with the help of all these women and men musicians who have shown me and who make me hope already until tomorrow morning. Then the day after tomorrow, etc.
I don’t know if this brings water to the mill, but it makes me want to ask myself this question in a more spiritual way and on the long term.

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Adam Rudolph

Mon espoir pour l’avenir est que l’humanité se réveille à la nature de ce qu’est la musique dans son sens originel. L’universalité de la création musicale suggère que ce besoin si humain de projeter le mystère de la conscience dans le monde extérieur, en l’électrifiant avec des vibrations sonores, est ancien et fondamental. La création musicale existe depuis avant l’histoire et avant les constructions humaines telles que la religion, la race, la classe ou l’argent.
Par la marchandisation, la musique a été marginalisée dans ce que nous pourrions appeler le domaine horizontal ou matériel. Mais dans le domaine vertical ou spirituel (celui qui s’élève dans le cosmos et descend dans notre inconscient collectif), la musique maintient sa présence intemporelle au centre de l’être humain.
J’espère que nous pourrons dépasser le stade de la réflexion sur la musique en termes limitatifs de marchandise, de style, de catégorie ou d’agenda social, et rouvrir nos cœurs et nos oreilles à l’intention humaine universelle de la musique : l’expression et le partage. D’un cœur à l’autre, la musique est une expression de la conscience humaine, transformant le métaphysique en physique.
La musique a donc le potentiel de ramener à l’humanité le sentiment d’amour universel dont nous avons si désespérément besoin pour nous épanouir et survivre. Lorsque nous commencerons à comprendre la véritable nature de la musique, nous nous dirigerons alors, naturellement, vers la connaissance de ce que nous sommes vraiment tous et toutes en tant que sœurs et frères. Car lorsque nous plaçons la musique au centre de l’expérience de l’âme et de la vie, nous pouvons même devenir musique. Être musique, c’est vivre en accord avec la nature, en rythme avec notre être physique, mental et spirituel, et en harmonie avec la communauté de nos semblables.

My hope for the future is that humanity will reawaken to the nature of what music is in its aboriginal sense of being. The universality of music-making suggests that our human need to project the mystery of consciousness into the external world by electrifying it with sound vibrations is ancient and fundamental. Music-making has existed since before history and prior to human constructs such as religion, race, class, or money.
Through commodification, music has been peripheralized in what we could call the horizontal or material realm. But in the vertical, or spiritual realm, (that which reaches up into the cosmos and down into our collective unconscious) music holds its timeless presence at the center of human being-ness. 
My hope is that we can move beyond thinking of music in the limiting terms of commodity, style, category, or social agendas, and re-open our hearts and ears to music’s universal human intention; expression and sharing. From one heart to another, music is an expression of human consciousness, transforming the metaphysical into the physical.
Music thus has the potential to bring back to humanity the universal love feeling which we so desperately need in order to thrive and survive. When we begin to understand the true nature of music, we will then, naturally, move towards knowing who we really are as sisters and brothers all. Indeed, when we bring music into the center of soul-life experience we can even become music. Being music means living in tune with nature, in rhythm with our physical, mental, and spiritual being, and in harmony with our community of fellow humans. 

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Omar Sosa

Tout art en général exprime les sentiments d’un individu (créateur), d’un peuple ou d’une ou plusieurs communautés.
Je me considère comme faisant partie de celles et ceux qui pensent qu’il y a beaucoup d’art, beaucoup d’artistes qui aspirent à un avenir basé sur le respect, l’unité, le consensus, l’équilibre et la paix entre les cultures et les êtres.
Mais une autre partie du secteur, que nous ne pouvons pas ignorer, continue d’exiger et d’imposer des formules basées sur d’autres dynamiques, très éloignées des précédentes – et je crois aussi qu’ils le font en pensant à leur manière à l’avenir.
L’avenir viendra toujours, et avec lui viendront sans doute de nouveaux courants que, logiquement, beaucoup d’entre nous ne pourrons peut-être pas expérimenter.

Todo Arte en general expresa el sentir de un individuo (creador), pueblo(s) o comunidad(es).
Yo, me considero parte de este grupo que a la vez piensa que hay mucho arte y artistas que aspiran y miran hacia una futuro basado en el respeto, unidad, consenso, equilibrio y paz entre culturas y seres Pero también otra parte de la industria que no podemos
Obviar sigue exigiendo e imponiendo fórmulas basadas en otras dinámicas alejadas de lo expuesto en líneas anteriormente, pero aun así también creo que lo hacen con la mirada puesta en el futuro.
El futuro siempre llegará y con él sin duda nuevas corrientes que lógicamente quizás muchos de nosotros no podamos experimentar…

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luke stewart

L’avenir est fait de possibilités et de probabilités. Nous avons le pouvoir de voir notre avenir, de créer celui que nous voulons voir. Dans la musique, nous sommes des participants actifs de l’avenir. Nous sommes des voyageurs du temps. Nous ouvrons le tissu du temps. C’est non-linéaire, non-physique. Une manifestation de la Relativité, celle de l’énergie spirituelle dans l’éther.

The future is possibilities and probabilities. We have the power to see our future, create one that we want to see. In the Music we are active participants in the future. We are time travelers. We split open the fabric of time. It is non-linear, non-physical. A relative manifestation of spirit energy into the ether.

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sonny troupé

Optimiste de nature, je parlerais généralement de monde meilleur ! Il faut déjà que nous y croyons pour tendre vers celui-ci…
Dans ce monde quel qu’il soit, il y a un futur pour ma musique, ou du moins pas la mienne, mais celle qui existe depuis maintenant près de 4 siècles, laissée par mes ancêtres, et qui se transmet de génération en génération. Je parle du gwoka, la musique traditionnelle de Guadeloupe, et plus généralement des musiques traditionnelles, quelle que soit leur origine. Elles ne disparaissent pas. (contrairement aux musiques créées dans un but précis, ou les musiques de mode, etc.). Ces musiques traditionnelles, elles, elles évoluent, se transforment avec le temps, avec ceux qui la pratiquent à l’instant T. Elles font intrinsèquement partie de l’Homme… Alors, tant qu’il y aura des hommes… Aujourd’hui, nous sommes à l’air des samples, des loopers, des musiques électroniques ou assistées par l’ordinateur, des concerts avec séquences pré-enregistrées, des fusions avec d’autres cultures musicales qui peuvent paraître éloignées les unes des autres, à la rencontre de différents arts, les formes poly-artistiques, etc. La musique que je pratique est empreinte de quelques-uns de ces éléments d’aujourd’hui qui me passionnent.
Du coup, on devrait plutôt parler de traces : est-ce que ce que j’y ai mis aujourd’hui perdurera ? C’est plutôt ça la question, et je n’en sais rien car, ce qu’on y met est contemporain à notre époque. Est-ce que cela deviendra un fondement de la tradition ? Impossible de le savoir. Mais cela fera partie au moins du processus d’évolution de la musique… Si elle atteint des passionnés de tradition et de contemporanéité ! Lol !
Il en va de même pour la pratique de l’instrument. On reçoit, on prend, on transforme avec les éléments de son temps, on transmet…

As an optimist by nature, I would generally speak of a better world! We must already believe in it to reach it…
In this world, whatever it is, there is a future for my music, or at least not mine, but the one that has existed for almost 4 centuries now, left by my ancestors, and which is transmitted from generation to generation. I am talking about gwoka, the traditional music of Guadeloupe, and more generally about traditional music, whatever its origin. They do not disappear (unlike music created for a specific purpose, or fashion music, etc.). These traditional musics, they, they evolve, they are transformed with time, with those which practise it at the moment T. They are intrinsically part of Man… Then, as long as there will be men… Today, we are in the air of samples, loopers, electronic or computer-assisted music, concerts with pre-recorded sequences, fusions with other musical cultures that may seem distant from one another, the meeting of different arts, poly-artistic forms, etc. The music that I practice is marked by some of these elements of today that fascinate me.
So, we should rather talk about traces: will what I put in today last? That’s the question, and I don’t know because what we put in is contemporary to our time. Will it become a foundation of the tradition? It’s impossible to know. But it will at least be part of the process of evolution of the music… If it reaches traditional and contemporary enthusiasts! Lol!
It is the same for the practice of the instrument. One receives, one takes, one transforms with the elements of its time, one transmits…

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David Virelles

L’avenir n’est pas déconnecté du présent ou du passé. Dans le présent, nous faisons face à notre passé afin de pouvoir avancer avec sagesse et intention vers l’avenir. Ancient to the Future.

The future is not disconnected from the present or the past. In the present, we reckon with our past so that we can move forward with wisdom and intention towards the future. Ancient to Future. 

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