Sélectionner une page

hors-tiroirs n°1

dave douglas

2017

« New Sanctuary »  Concert du 28 janvier 2017 au théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine.

par Jérôme janvrin

2019

« UPLIFT » Concert du 16 février 2019 au théâtre Jacques Carat de Cachan

par l’équipe de sons d’hiver

2017

« New Sanctuary »  Concert du 28 janvier 2017 au théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine.
feat. Marc Ribot & Susie Ibarra

témoignage
des souvenirs

perspectives
des articles

New Sancturay, 2017 © DR

Dave Douglas, Susie Ibarra et Marc Ribot © DR

Concert du 28 janvier à Vitry/seine (extrait)

par Dave Douglas, Marc Ribot, Susie Ibarra | festival Sons d'hiver 2017

Arrivé sur scène, Dave DOUGLAS prend la parole (il sera le seul à le faire) dans un Français à l’articulation appuyée et d’un bon niveau grammatical, prononçant les « r » correctement. Taquin et remonté par le contexte politique aux Etats-Unis, il ne manquera pas de lancer quelques pics dirigés contre le dernier Président des U.S.A. élu : Il annonce que les compositions sont les siennes, qu’elles ont été écrites pour laisser libre-court à de l’improvisation (ceci dit, beaucoup de repères me font penser qu’il y avait tout de même pas mal de phases imposées dans ce que nous avons entendu) mais aussi, notamment, pour «épater les Républicains ». Naturellement il est enchanté de partager ces compos avec Susie et Marc, partenaires de choix, ça va de soi.
Globalement, beaucoup de sobriété dans le jeu. Une répartition assez égale des parties solistes, voire même souvent imbriquées. Un RIBOT en électro-acoustique tout en retenu et d’humeur grosso modo « bluesy » (bon, à la RIBOT avec ses dérives inclassables et, pour le coup, à haute teneur improvisée, bien sûr) et fabuleusement inspiré au risque de me répéter d’un post à l’autre sur son cas. Susie IBARRA un chouïa plus effacée dans un rôle d’accompagnement fin, feutré démontrant également 2 ou 3 phases d’une forme de fausse nonchalance à défaut d’une réelle autorité pleine d’assurance, à 90% sur sa batterie et jouant seulement de quelques clochettes et de mini-gongs sur un unique morceau. Son regard balaie constamment l’espace séparant Marc et Dave. Ça swinguait ici et là brièvement sur la ride mais la plupart du temps l’atmosphère n’était pas vraiment jazzy mais libre, décontracté et poétique. DOUGLAS est souvent mélancolique, contrastant avec l’acidité de ses prises de paroles tous les 2-3 morceaux, demandant par exemple rapidement à ce que la salle entière soit éclairée pour nous voir et nous invitant même à venir nous asseoir près et autour des Musiciens si l’envie nous en prenait. Ce que personne ne fera : On est en France, Dave : Le Public (plutôt âgé et comptant nombre de Vitréens abonnés au Théâtre) est souvent sur la réserve et observateur. Avant d’entamer le rappel, il chambre un Sexagénaire sur le départ mais hésitant, lui demandant s’il souhaite partir ou attendre encore un peu. Pour ne pas perdre la face, l’Homme s’avance vers lui pour lui serrer la main et lui dire quelques mots, ce à quoi DOUGLAS réagira en showman caustique : « Bah, il était sur le départ et voilà qu’il veut me raconter une histoire !…»


Jérôme Janvrin, 13 novembre 2024

As soon as he arrives on stage, Dave DOUGLAS speaks to the audience, in an articulate and grammatically correct French, pronouncing the “r”correctly. Teased and wound up by the political context in the U.S.A., he doesn’t fail to throw in a few digs at the most recently elected U.S.A. President: he announces that the compositions are his own, that they were written to give free rein to improvisation (having said that, many cues make me think that there were quite a few imposed phases in what we heard) but also, notably, to “impress the Republicans”. Naturally, he’s delighted to share these compositions with Susie and Marc, partners of choice, it goes without saying.
Overall, a great deal of sobriety in the playing. A fairly even distribution of solo parts, often even intertwined. RIBOT’s electro-acoustic playing is restrained and bluesy (well, RIBOT-style, with its unclassifiable and highly improvisatory drifts, of course), and fabulously inspired, at the risk of repeating myself from one post to the next. Susie IBARRA is a tad more self-effacing in a fine, hushed accompaniment role, also showing 2 or 3 phases of a form of false nonchalance for want of a real, self-assured authority, 90% on her drums and playing only a few bells and mini-gongs on a single track. His gaze constantly sweeps the space between Marc and Dave. It swung here and there briefly on the ride, but most of the time the atmosphere was not really jazzy but free, relaxed and poetic. DOUGLAS is often melancholy, contrasting with the acidity of his lyrics every 2-3 songs, for example quickly asking for the whole room to be lit to see us and even inviting us to come and sit near and around the Musicians if the mood took us. Which nobody will: This is France, Dave: the audience (rather older, and including a number of Vitréens (the city’s inhabitants) who are year-round subscribers to the Théâtre) is often reserved and observant. Before starting the encore, he chats up a Sexagenarian who’s about to leave but hesitates, asking him if he’d like to leave or wait a little longer. So as not to lose face, the Man walks over to him to shake his hand and say a few words, to which DOUGLAS reacts like a caustic showman: “well, he was on his way out and now he wants to tell me a story!…”.

Dave Douglas, Susie Ibarra & Marc Ribot
‘New Sanctuary’
Concert du 28 janvier 2017
au Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine

Dave Douglas • trompette
Marc Ribot  • guitare
Susie Ibarra • batterie, kulintang, electronique

la presse

2019

« UPLIFT » Concert du 16 février 2019 au théâtre Jacques Carat de Cachan.
feat. Bill Laswell

témoignage
des souvenirs

perspectives
des articles

Anthony Braxton Dave Douglas Mary Halvorson festival Sons d Hiver theatre Jacques Carat Cachan samedi 16 fevrier 2019 © Christian Ducasse

Anthony Braxton, Dave Douglas, Mary Halvorson, Sons d’hiver, Cachan, 2019 © Christian Ducasse

Concert du 16 février à Cachan (extrait)

par Dave Douglas 'Uplift' | festival Sons d'hiver 2019

Quiproquo !

Cela faisait un peu plus de six minutes que le groupe Dave Douglas « UPLIFT » featuring Bill Laswell avait entamé avec puissance son concert dans une salle remplie. Anthony Braxton, qui avait offert un magnifique concert solo sur cette même scène quelques minutes avant, s’était installé sur une chaise à gauche de celle-ci (côté jardin), à l’abri du regard du public pour apprécier la musique de cette assemblée intergénérationnelle de musiciens de grand talent.

Vers la septième minute et demie, Dave Douglas introduisît la seconde pièce par un solo de trompette pendant que des voix commençaient s’élever dans le public. On aurait dit un conflit entre parlementaires sur un budget national :

Certains : « C’est trop fort !… Trop fort ! »
Une voix : « Ta gueule ! »
D’autres : « Plus fort ! Plus fort !… Plus fort ! »
Une autre voix : « Louder ! », pour dire en anglais de jouer encore plus fort.

Cette situation a naturellement amené le groupe à s’arrêter de jouer et les musiciens sont restés dans une totale incompréhension par rapport à ce qui se passait : quelle est donc la raison de ce mécontentement, devaient-ils se demander ?
Le francophile Dave Douglas n’a vraisemblablement pas pu identifier les mots qui se disaient çà et là dans le public et fit appel à Anthony Braxton qui le rejoignit sur la scène puisqu’il est un témoin direct et attentif de l’évènement. Dave Douglas s’était-il peut-être dit que ces gens-là n’aimaient pas cette musique-là ? Est-ce pour cela que le témoin crédible fut appelé pour témoigner ?
En tous cas, les deux musiciens échangèrent quelques mots sous les applaudissements du public, puis le concert reprit avec cette même introduction à la trompette qui se poursuivit parfaitement articulée à ce qui avait été déjà joué.
Mais, en fait, c’était une affaire de volume sonore, rien qu’une affaire de désir d’écoute d’une musique attendue et désirée, le public n’a jamais montré de signe de passivité ; il a affirmé sa volonté, il a fait ce que l’on pourrait appeler « une communauté de musique » en se joignant au geste des musiciens en tant qu’acteur actant.


L’équipe de Sons d’hiver, décembre 2024

Quiproquo!

After over six minutes had passed since Dave Douglas “UPLIFT” featuring Bill Laswell had powerfully started their concert in a room full of people. Anthony Braxton, who had given a beautiful solo performance on the same stage a few minutes earlier, had settled into a chair to the left of the stage, out of sight of the audience, to enjoy the music of this intergenerational assembly of highly talented musicians.
Around the seven-and-a-half-minute mark, Dave Douglas introduced the second piece with a trumpet solo, while voices began to rise in the audience. It sounded like a dispute between parliamentarians over a national budget:

Some: “It’s too loud!… Too loud!”
A voice: “Shut up!”
Others: “Play louder! Louder! Louder!”

This situation naturally led to the band stopping playing, and the musicians were left in a state of total incomprehension as to what was going on: what was the reason for this discontent, they were probably wondering?
Francophile Dave Douglas probably couldn’t identify words emerging from the little chaos in the audience, and called in Anthony Braxton, who joined him on stage as a direct and attentive witness to the event. Did Dave Douglas perhaps think that these people didn’t like this music? Is this why the credible witness was called to testify?
In any case, the two musicians exchanged a few words to the applause of the audience, and then the concert re-started with the same trumpet introduction, perfectly articulated to what had already been played.
In fact, it was a matter of sound volume, nothing more than the desire to listen to an awaited and desired music, the audience never showed any sign of passivity; it asserted its will, making what we might call “a community of music” by joining in musicians’ gesture as an actor performing too.

Dave Douglas « UPLIFT » feat. Bill Laswell
Concert du 16 février 2019
au Théâtre Jacques Carat de Cachan

Dave Douglas • trompette
Bill Laswell  • basse
Jon Irabagon • saxophone
Mary Halvorson • guitare
Rafiq Bhatia • guitare
Ian Chang • batterie

la presse

Share This